CRÉATION 2007
A l’auditorium du Musée d’Orsay – Paris
Avec : Jérémie Lippmann : Père Ubu, Bougrelas, “Tous” (c’est-à-dire ceux qui s’expriment en chœur)
Christine Pignet : Mère Ubu, Rosemonde, Financiers, Magistrats, “Tous”
Christophe Avril : Venceslas, l’Empereur Alexis, Pile, Greffier, Nobles, Magistrats, Conjurés et Soldats, “Tous”
Ged Marlon : Bordure, Cotice, Giron, l’Ours, le Commandant, Conjurés et Soldats, Rensky, “Tous”
François Barucco : Piano
Mise en scène, Scénographie : Ézéquiel Garcia-Romeu
Costumes : François Tomsu
Lumières : Ézéquiel Garcia-Romeu, Binjamin Karamémhédovic
Construction des éléments de décor : Musée d’Orsay
Construction des marionnettes : Jean Godement, Pascale Pinamonti
Technique vidéo : Frédéric Maire
Je pense qu’il n’y a plus aucune espèce de raison d’écrire une œuvre sous forme dramatique, à moins que l’on ait eu la vision d’un personnage qu’il soit plus commode de lâcher sur scène que d’analyser dans un livre. “Jarry ” questions de théâtre ” : d’Ubu Roi, qu’en est-il aujourd’hui ?
En première lecture, toujours la farce et le Père Ubu jouant, dans un sens général, la métaphore de tyrannies réelles ; objet dramatique évident qui se met en scène de par lui-même. On pourrait considérer galvaudée cette métaphore d’Ubu face à la fameuse ” réalité qui dépasse de plus en plus la fiction “. Mais si d’une façon particulière on dirigerait l’arme critique du texte envers ceux qui nous gouvernent ici et maintenant, j’imagine des dents grincer ici ou là. C’est plutôt l’autocensure qui peut faire vieillir certaines pièces ; elle réglemente et lénifie la tonalité du discours théâtral. Cette première substance dramatique, de la critique du pouvoir est inséparable de l’œuvre.
Quant aux conventions du théâtre bousculées, elles appartiennent à la date historique de la création de 1896. Il en reste pourtant quelques amertumes pestilentielles qui ne se sont pas encore volatilisées. Elles valent la peine d’être fouillées afin de créer une mise en scène digne de l’absinthe qui empoisonnait Jarry. Nous allons donc nous intéresser à tout ce qui dans le texte et l’action, provoque l’irritation et le rire jaune.
En salissant le temple du Théâtre, Jarry mettait en scène ses rébellions personnelles. Il devait avoir beaucoup de rage en lui pour oser écrire au 19ème, une œuvre scatologique, où le pouvoir est lié au caca, à ce qu’on mange, à celui qu’on tue, au rythme mécanique d’une pensée binaire, sans nuances.Coproduction : Compagnie Ézéquiel Garcia-Romeu – Théâtre de la Massue / Musée d’Orsay / CDN de Nice / CDN de Besançon.